Titre : Les Filles d'Ennismore
Auteur : Patricia Falvey
Éditions : Belfond
Nb de pages : 412
Résumé :
Dans
l'Irlande du début du 20ème
siècle, les anglais ont confisqué les terres des paysans locaux
pour s'ériger en grands propriétaires terriens. Les nationalistes
irlandais commencent à s'organiser ; la révolte gronde y
compris parmi les domestiques de la demeure d'Ennismore. C'est dans
ce contexte que Victoria, la fille de Lord Ennis va faire la
connaissance de Rosie, la fille d'un métayer qui se présente à
l'office pour remplacer sa sœur malade. Leur amitié qui défie les
classes et tensions survivra t-elle passée l'innocence de
l'enfance ?
Drama, Féminisme et Révolte Irlandaise
« Nous
avons toutes les deux été prisonnières de notre classe sociale.
Mais à quoi sert de ressasser le passé ? Nous avons le pouvoir de
changer notre avenir. »
Plusieurs
mois ont passé depuis ma lecture de ce roman dont je m'étais promis
de vous parler un jour autant pour son intéressante plongée dans
l'Histoire de l'Irlande que pour son petit côté « Downton
Abbey ». Ayant très envie de revoir la série en ce moment, je
me suis dis que le temps de me poser sur cette chronique était
venu !
Dans
ce roman, la grande demeure se nomme Ennismore. Comme à Downton, les
Lords et Ladies paradent à l'étage pendant que les domestiques
cancanent à l'office. Au début du roman, l'objet de leurs
commérages est bien sûr l'annonce des leçons que Victoria, la
fille de Lord Ennis, a demandé à partager avec sa nouvelle amie,
Rosie, modeste fille de métayer dont la sœur aînée fait partie du
personnel. Une belle amitié va éclore entre les deux petites filles
de 8 ans pour qui la classe sociale n'a pas d'importance. À 17 ans,
cette différence de rang va pourtant les rattraper. Victoria doit
faire son entrée dans le monde et Rosie n'a devant elle qu'un avenir
de domestique. Victoria s'en désole, impuissante. Ni acceptée par
la famille de cette dernière ni par les domestiques, Rosie ne peut
tout simplement pas accepter ce destin. Plus maintenant qu'elle a
goûté à l'éducation et aux privilèges...
Les
Filles d'Ennismore est un roman sur l'émancipation.
L'émancipation de Rosie et celle de Victoria bien sûr. Mais plus
largement celle de la femme et du statut social. Et enfin celle d'une
nation : l'Irlande. En effet, la deuxième partie du récit se
détache de l'ombre de « Downton Abbey » pour nous
plonger dans les rues mouvementées et pauvres de Dublin, à l'heure
de la révolte irlandaise du début des années 1900. J'ai beaucoup
aimé cette seconde moitié qui gagne en rythme et je me suis laissée
surprendre par ses nombreux dramas sentimentaux et historiques. Et
croyez-moi, ça n'en manque pas ! Les destins de Rosie et de
Victoria m'ont permis de découvrir un bout de l'Histoire de
l'Irlande que je ne connaissais pas bien : l'insurrection de Pâques,
première vraie incarnation des tensions entre irlandais et anglais.
Le
récit suit tantôt Rosie, tantôt Victoria. On s'attache facilement
à Rosie. C'est un personnage courageux, déterminé mais qui m'a
parfois agacé par sa fierté avant de me toucher à nouveau quand
elle brisera sa carapace. Victoria m'est apparue bien loin d'une fade
petite fille de Lord. J'ai aimé qu'en grandissant elle continue de
vouloir écouter son cœur et ses convictions. L'amitié entre les
deux filles sera mise à rude épreuve tout au long du récit. Les
protagonistes masculins (Valentin, Brendan, Cathal) sont un peu plus
pâles que nos deux héroïnes mais on s'y attache aussi et les
personnages secondaires ont le mérite de tous avoir leur propre
intrigue. Pour conclure, Les Filles d'Ennismore est une
plaisante saga romanesque sur fond de montée du nationalisme
irlandais.
Envie
de voyager dans le temps en Irlande ?
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