vendredi 13 mars 2020

Les Filles d'Ennismore


Titre : Les Filles d'Ennismore

Auteur : Patricia Falvey

Éditions : Belfond

Nb de pages : 412


Résumé : Dans l'Irlande du début du 20ème siècle, les anglais ont confisqué les terres des paysans locaux pour s'ériger en grands propriétaires terriens. Les nationalistes irlandais commencent à s'organiser ; la révolte gronde y compris parmi les domestiques de la demeure d'Ennismore. C'est dans ce contexte que Victoria, la fille de Lord Ennis va faire la connaissance de Rosie, la fille d'un métayer qui se présente à l'office pour remplacer sa sœur malade. Leur amitié qui défie les classes et tensions survivra t-elle passée l'innocence de l'enfance ?

Drama, Féminisme et Révolte Irlandaise


« Nous avons toutes les deux été prisonnières de notre classe sociale. Mais à quoi sert de ressasser le passé ? Nous avons le pouvoir de changer notre avenir.  »

Plusieurs mois ont passé depuis ma lecture de ce roman dont je m'étais promis de vous parler un jour autant pour son intéressante plongée dans l'Histoire de l'Irlande que pour son petit côté « Downton Abbey ». Ayant très envie de revoir la série en ce moment, je me suis dis que le temps de me poser sur cette chronique était venu !

Dans ce roman, la grande demeure se nomme Ennismore. Comme à Downton, les Lords et Ladies paradent à l'étage pendant que les domestiques cancanent à l'office. Au début du roman, l'objet de leurs commérages est bien sûr l'annonce des leçons que Victoria, la fille de Lord Ennis, a demandé à partager avec sa nouvelle amie, Rosie, modeste fille de métayer dont la sœur aînée fait partie du personnel. Une belle amitié va éclore entre les deux petites filles de 8 ans pour qui la classe sociale n'a pas d'importance. À 17 ans, cette différence de rang va pourtant les rattraper. Victoria doit faire son entrée dans le monde et Rosie n'a devant elle qu'un avenir de domestique. Victoria s'en désole, impuissante. Ni acceptée par la famille de cette dernière ni par les domestiques, Rosie ne peut tout simplement pas accepter ce destin. Plus maintenant qu'elle a goûté à l'éducation et aux privilèges...

Les Filles d'Ennismore est un roman sur l'émancipation. L'émancipation de Rosie et celle de Victoria bien sûr. Mais plus largement celle de la femme et du statut social. Et enfin celle d'une nation : l'Irlande. En effet, la deuxième partie du récit se détache de l'ombre de « Downton Abbey » pour nous plonger dans les rues mouvementées et pauvres de Dublin, à l'heure de la révolte irlandaise du début des années 1900. J'ai beaucoup aimé cette seconde moitié qui gagne en rythme et je me suis laissée surprendre par ses nombreux dramas sentimentaux et historiques. Et croyez-moi, ça n'en manque pas ! Les destins de Rosie et de Victoria m'ont permis de découvrir un bout de l'Histoire de l'Irlande que je ne connaissais pas bien : l'insurrection de Pâques, première vraie incarnation des tensions entre irlandais et anglais.

Le récit suit tantôt Rosie, tantôt Victoria. On s'attache facilement à Rosie. C'est un personnage courageux, déterminé mais qui m'a parfois agacé par sa fierté avant de me toucher à nouveau quand elle brisera sa carapace. Victoria m'est apparue bien loin d'une fade petite fille de Lord. J'ai aimé qu'en grandissant elle continue de vouloir écouter son cœur et ses convictions. L'amitié entre les deux filles sera mise à rude épreuve tout au long du récit. Les protagonistes masculins (Valentin, Brendan, Cathal) sont un peu plus pâles que nos deux héroïnes mais on s'y attache aussi et les personnages secondaires ont le mérite de tous avoir leur propre intrigue. Pour conclure, Les Filles d'Ennismore est une plaisante saga romanesque sur fond de montée du nationalisme irlandais.

Envie de voyager dans le temps en Irlande ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire